Le Tricastin est le plus important site nucléaire français, et on va en parler beaucoup...
Quand j'écrivais cette phrase en février 2007, je ne savais pas que les accidents de l'été 2008 allait faire couler tant d'encres...
Siué en basse vallée du Rhône autour de Pierrelatte, Le Tricastin a pour vocation l'enrichissement du combustible nucléaire, l’uranium, pour l'ensemble des réacteurs d'EDF et d'autres réacteurs Européens. On y traite aussi le combustible usé, pour pouvoir le stocker en vue d'un éventuel recyclage, très improbable ! Cela représente pas moins de 8 installations qui rejettent leurs déchets radioactifs et chimiques dans le mistral et dans le Rhône !
Jean-Pierre MORICHAUD et quelques autres vivent à peu de choses près la même situation que « nous » les riverains du CSA de Soulaines.
Ils se sont inquiétés aussi depuis des années, d’une recrudescence de cancers chez les riverains de ce site industriel nucléaire peut être le plus grand en activités, en surface, en employés, en pollution ?
Ils viennent d’obtenir ce qu’ils exigent depuis des années : une enquête épidémiologique !
En effet, en juillet 2006, à l’occasion d’une enquête publique pour la construction d'une nouvelle usine d'enrichissement, Jean-Pierre MORICHAUD, le représentant de la FRAPNA à la Commission Local d'Information (CLI), a demandé une enquête sur le nombre de cancers relevés depuis 20 ans autour du site.
Ce site est aux confins de quatre départements dans lesquels il n'y a aucun registre de cancers, comme dans 78 % des départements français.
Cette demande a été approuvée par les commissaires enquêteurs, qui souhaitent même un registre de cancers pour la Drôme. La demande a été soumise au financement de la Commission Locale, la CIGEET, qui l’a accepté le 21 mars 2007, au vu d'un projet d'étude de l'INSERM à partir du fichier national des décès par cancer dans les communes autour de Pierrelatte entre 1968 et 2002.
La demande de la FRAPNA Drôme pour une étude des cancers à proximité du site nucléaire du Tricastin est acceptée.
La demande de la Fédération Rhône-Alpes de Protection de la Nature d’une étude sanitaire à proximité du site du Tricastin a été acceptée et votée à l’unanimité par la commission locale d’information du Tricastin (CIGEET) réunie à la préfecture le mercredi 21 mars 2006.
L’intervention experte de Michèle Rivasi pour la FRAPNA a contribué à convaincre les participants à la commission.
Cette étude sera financée pour 50% par le département et 50 % par l’état (Autorité de Sûreté Nucléaire). Un groupe de travail doit être maintenant mis en place comprenant la DDASS, la FRAPNA et ses experts, la Ligue contre le Cancer etc. Ce groupe définira un cahier des charges qui sera proposé à la CIGEET à l’automne 2007.
La FRAPNA très satisfaite de cette décision, souhaite que cette étude des cancers soit réalisée rapidement.
L’association saisit immédiatement par lettre le président du conseil général de la Drôme pour qu’il mette en place la première réunion du groupe de travail.
La FRAPNA a aussi demandé lors de cette commission la mise en place d’un registre de cancer sur la Drôme. Cette demande a été soutenue par les Directions des Affaires Sanitaires et Sociales de la Drôme, du Vaucluse, et du Gard lors de l’enquête publique pour la demande d’Autorisation de Création de l’usine d’enrichissement d’uranium G. Besse II.
Le président Didier Guillaume a répondu devant la commission qu’il souhaitait aussi la mise en place de ce registre des cancers sur la Drôme, mais aussi sur les départements du Gard, du Vaucluse et de l’Ardèche.
La FRAPNA se réjouit de cette position, ces registres départementaux permettront de prendre en compte les risques de cancer provoqués par l’industrie nucléaire mais aussi chimique.
L’association déplore que les équipements nucléaires qui fonctionnent depuis plusieurs décennies ne disposent pas déjà d’outils d’évaluation de l’état de santé des populations en terme de cancer et autres maladies. La FRAPNA souligne que les travailleurs et les riverains ont le droit de connaître l’impact sanitaire de ces industries.
La mise en place d’un registre du cancer demande une volonté politique forte comme celle du conseil général de l’Isère.
En Drôme, la FRAPNA espère que les actes suivront rapidement les paroles.
Cette démarche en Tricastin et une démarche similaire autour de Gravelines, la centrale nucléaire de Dunkerque, intéresse l’IRSN ( l'Institut de Recherche sur la Sûreté Nucléaire ) et l’IVS ( l'Institut de Veille Sanitaire). La nouvelle loi sur la transparence nucléaire, votée en juillet 2006 au Parlement, donne une existence légale aux Commissions Locales d'Information autour des sites nucléaires (une trentaine), qui pourrait ainsi faire vérifier l'état sanitaire des riverains de ces installations polluantes, qui existent maintenant depuis plus de 20 ans et qu'il faudra bientôt démanteler. Elles ont rejetées des déchets radioactifs et chimiques dans l'air et dans l'eau par la réaction nucléaire, la fabrication et le recyclage de 1200 tonnes de barres d'uranium par an, pour l'ensemble des 58 réacteurs d'EDF.
27 mars 2008
Le Tricastin : l'impossible enquête.
Areva est entrain de réussir àempêcher le démarrage de l'enquête épidémiologique autour du site.
7 juillet 2008
Scandale au Tricastin.
La CRIIRAD découvre que plus de 770 tonnes de déchets radioactifs ont été enfouis depuis plus de 30 ans à même le sol, en toute illégalité.
8 juillet 2008
30 m3 d'eau radioactive débordent d'une cuve.
360 kg d'uranium dans la nature ! Pas de danger immédiat ! Mais ne buvez pas, n'irriguez pas, ne vous baignez pas ! La CRIIRAD suit l'affaire de près.
15 juillet 2008
Présence d'uranium dans la nappe phréatique.
Selon l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, l'IRSN, les valeurs mesurées ne peuvent être expliquées par le rejet accidentel du 8 juillet. L'affaire prend de l'ampleur : elle fait la une des journauxFrance2.
17 juillet 2008
Conséquence inattendue :
Jean-Louis BORLOO réclame qu’une étude soit menée sur l’état des nappes phréatiques situées près de chaque centrale nucléaire française. Par ailleurs, Jean-Pierre MORICHAUD (FRAPNA) confirme devant la caméra de france3 qu'une enquête épidémiologique autour du site du Tricastin, demandée depuis 2001, et "empêchée" par AREVA, va enfin être lancée.
19 juillet 2008
Qui est crédible ?
L'ACRO fait un rapport de 6 pages pour expliquer l'accident et ses conséquences, notamment sur la non décroisance de la radioactivité dans le temps. Eléments de compréhension sur l'accident.
Le site next-up.org dresse un tableau complet sur l'affaire du Tricastin, ainsi que celle de Romans-sur-Isère.
23 juillet 2008
Les producteurs de Coteaux du Tricastin veulent changer de nom
Tant qu'il n'y avait pas d'accident à la centrale, il n'y avait pas de problème. Aujourd'hui, il est inutile qu'un producteur essaie de vendre une bouteille de Coteaux du Tricastin. On va lui rire au nez.
24 juillet 2008
Loi des séries : nouvelle contamination d'une centaine de salariés par des particules radioactives.
Les travailleurs ont reçu le quarantième de la dose qu'ils ont le droit de recevoir en un an. Et lelendemain l'usine du Ticastin est perquisitionnée ! Quelques observateurs se demandent si tout ce bruit ne serait pas orchestré, non pas pour obtenir la transparence de l'information, mais pour aboutir à la démission d'Anne LAUVERGEON. Pour l'heure, AREVA est bien éclaboussée !
27 juillet 2008
Le Réseau "Sortir du nucléaire" conteste le classement officiel des incidents du Tricastin
Il s'agit au moins d'un incident grave, niveau 3 (Rejet Très faible avec exposition du public en deçà des limites prescrites), ou même d'un accident de niveau 4 (Rejet mineur, avec exposition du public de l'ordre des limites prescrites)
5 août 2008
Loi des séries : fuite de carbone 14.
L'ASN suspend les activités de la SOCATRI génératrices de carbone 14. Selon la CRIIRAD « la violation des limites de rejets radioactifs dans l’atmosphère devient une habitude à la SOCATRI. Les limites annuelles de rejets ont été pulvérisées.
2 septembre 2008
Le parlement crée une commission d'enquête.
8 septembre 2008
Nouvel accident au Tricastin: deux barres d'uranium bloquées.
L'affaire du Tricastin a pris en effet de l'ampleur. L'immobilier et le tourisme se sont effondrés dans la région. Les habitants en ont ras-le-bol.
On se souviendra de l'été 2008 pour son actualité très nucléaire, avec les incidents du Tricastin, de Romans-sur-Isére, de Fleurus en Belgique, (avec un rejet d'iode 131, qui a rappelé les heures sombres de Tchernobyl), ainsi que l'incident de tritium de Cadarache, qui ont été largement médiatisés.
L'ASN communique au jour le jour les derniers avis d'incidents déclarés par les industriels.
19 septembre 2008
Pas de contamination radioactive des vignobles.
Le moût ne contient que 0,2 microgramme d'uranium par litre. Le seuil d'alerte pour l'eau est de 15 microgrammes.
27 septembre 2008
Depuis le 8 septembre, deux tubes d'uranium toujours suspendues dans le réacteur n°2.
.